Les lauréats de la recherche 2024

  • Appel à projets « Comprendre et Soigner » :

60.000 € «  Développement d’une technique de neurochirurgie par fractionnement spatial des rayons X : étude préclinique dans un modèle d’épilepsie mésio-temporale chez la souris » Loan SAMALENS – Grenoble-Institut des Neurosciences

Une grande partie des patients ayant une épilepsie du lobe mésio-temporal (MTLE) sont résistants aux médicaments. La MTLE est caractérisée par des crises focales survenant dans le lobe temporal et est associée à plusieurs comorbidités cognitives et émotionnelles. La chirurgie de résection de la zone épileptogène, bien qu’efficace, reste très invasive, risquée et génère souvent des effets secondaires. Nous étudions une stratégie de fractionnement spatial des rayons X pour développer une thérapie alternative non invasive. La radiothérapie par microfaisceaux (Microbeam Radiation Therapy, MRT), utilisée au Synchrotron européen de Grenoble, est basée sur le fractionnement de rayons X en microfaisceaux (50 μm). Dans un modèle de MTLE chez la souris, la MRT a un effet antiépileptique sur plusieurs mois. Des études plus approfondies indiquent une excellente tolérance des tissus sains, et aucune aggravation des comorbidités associées à l’épilepsie. Certains animaux irradiés ont montré́ de meilleures performances cognitives après irradiation. Nous proposons de compléter ces premiers résultats en utilisant un irradiateur à rayons X semblable à ceux utilisés en cliniques afin d’évaluer l’effet des rayons X spatialement fractionnés à l’aide de mini faisceaux (375 μm). Ces expériences sont cruciales pour transférer la technologie des rayons X spatialement fractionnés dans la pratique clinique. En démontrant sa faisabilité́ et son efficacité́ en tant que traitement non invasif de l’épilepsie pharmacorésistante, nous avons pour ambition de fournir une preuve de concept préclinique pour une application thérapeutique à l’horizon de 2030.

  • Appel à projets « Épilepsie et Société » :

60.000 € Troubles de cognition sociale chez les adultes présentant une épilepsie et leur impact sur la qualité de vie : proposition d’une nouvelle et systématique procédure de dépistage. “Sophie HENNION –Centre de Référence des Épilepsies Rares, CHU de Lille

Comprendre nos pairs et communiquer de façon satisfaisante avec eux implique de nombreuses compétences. Les compétences engagées dans ces interactions sociales sont regroupées sous la terminologie de « capacités de cognition sociale ». Ces capacités incluent notamment l’identification et l’expression des émotions, le respect des normes sociales, le sens de l’humour ou l’empathie. Un dysfonctionnement de ces capacités a pu être décrit chez les personnes vivant avec une épilepsie. Toutefois, aucun outil de langue française ne permet à ce jour le dépistage rapide et aisé de ces difficultés chez ces personnes. Par conséquent, les difficultés de cognition sociale demeurent largement sous-diagnostiquées, malgré leur retentissement potentiel sur le fonctionnement social et la qualité de vie des personnes et de leurs proches. Dans ce contexte, notre équipe de cliniciens-chercheurs a créé une Échelle de Dépistage des Difficultés de Cognition Sociale (EDDCS). Avec le soutien de la FFRE, nous allons maintenant valider l’utilisation de cette échelle auprès de 300 personnes vivant avec une épilepsie. Nous étudierons également la capacité de cet outil à prédire des indicateurs de qualité de vie, notamment sociaux, pour les personnes et leurs proches. Ce projet sera mené au sein de quatre centres experts nationaux en épileptologie (Bordeaux, Lille, Lyon et Toulouse). A l’issue de ce projet, le dépistage des troubles de cognition sociale et de ses conséquences sociales pourra être systématisé au sein des unités d’épileptologie. A terme, des prises en charge précoces et spécifiques des difficultés de cognition sociale pourront être proposées, afin de limiter les répercussions au quotidien.

  • Appel à projets « Fires/Norse » :

60.000 € Cibler la dysbiose intestinale comme nouvelle thérapie dans un modèle murin d’état de mal épileptique de novo mimant le NORSE: focus sur les acides gras à chaîne courte”Teresa RAVIZZA –Laboratory of Epilepsy and Therapeutic Strategies Milan

Au cours des vingt dernières années, grâce aux avancées technologiques, les scientifiques ont découvert que le microbiote intestinal, autrefois appelé «flore intestinale», composé de 10 000 milliards de bactéries qui évoluent en communautés au sein du tube digestif, joue un rôle décisif dans notre santé. Plus récemment, ils ont également identifié un réseau de connexions entre le microbiote intestinal et le cerveau, crucial pour notre bien-être. Des études récentes chez l’animal et chez l’homme ont montré une dysfonction de cette communication dans l’épilepsie, accompagnée par une altération de la composition du microbiote intestinal (appelé dysbiose). Des interventions visant à résoudre la dysbiose, peuvent réduire les crises, la perte de cellules neuronales, et améliorer les déficits neurologiques. Dans un modèle murin d’état de mal de novo mimant la NORSE, nous avons observé que des changements dans la structure intestinale associés à l’inflammation sont des marqueurs de dysfonctionnement intestinal. Nous avons parallèlement aussi constaté des altérations de la composition du microbiote fécal, notamment, une réduction des bactéries produisant des molécules lipidiques bénéfiques (acides gras à chaîne courte). Comme prochaine étape, toujours utilisant le modèle murin de NORSE, nous voulons tester si le butyrate de sodium, un acide gras à chaîne courte, peut prévenir ou réduire les conséquences à long terme du NORSE, grâce à la prévention ou réduction des récidives de crises spontanées, du déficits cognitifs et de la perte de cellules neuronales. Cette étude fournira des informations à la fois sur les conséquences pathologiques des altérations du microbiote intestinal dans la NORSE et sur les thérapies basées sur la modulation du microbiote intestinale pour améliorer les résultats neurologiques chez les patients NORSE.

  • Prix Valérie Chamaillard (50 000 € en partenariat avec la Fondation de France) :

50.000 € Musique et déficits cognitifs dans l’épilepsie auto-limitée à pointes centro-temporalesRita ASDIKIAN –Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL)

L’épilepsie auto-limitée à pointes centro-temporales (EPCT) est l’épilepsie la plus fréquente chez les enfants de 4 à 13 ans. Cette pathologie perturbe l’activité électrique du cerveau, principalement pendant le sommeil, mais parfois aussi pendant l’éveil. L’EPCT peut entraîner des déficits cognitifs chez 15 à 30 % des enfants, affectant le langage, la mémoire visuospatiale, la mémoire verbale ou l’attention. Dans de rares cas, l’EPCT peut évoluer vers une épilepsie plus sévère avec perte des acquisitions langagières et cognitives. Le syndrome de Landau-Kleffner (LKS), un sous-type de ces épilepsies plus sévères, est caractérisé par une perte de la capacité à comprendre ou à exprimer le langage (aphasie), avec des risques de troubles neuropsychologiques persistants. En plus des déficits cognitifs et langagiers, une étude récente a révélé des altérations durables de la perception musicale chez les adultes atteints de LKS dans l’enfance, révélant que les déficits entrainés par cette épilepsie affectent toute la sphère auditive, de la perception de la parole à celle de la musique.

Dans ce nouveau projet, nous explorons la perception musicale chez les enfants atteints d’EPCT pour mieux comprendre l’impact de cette épilepsie sur le cerveau. Des tests ludiques évalueront la perception de la mélodie et du rythme, en les mettant en lien avec des compétences cognitives comme la mémoire de travail. L’utilisation de la spectroscopie optique proche infrarouge fonctionnelle (fNIRS), une technique de neuroimagerie non-invasive, permettra de mesurer l’activité cérébrale et de comparer les circuits neuronaux activés lors de la perception de la musique et du langage chez les enfants atteints d’EPCT ou chez un groupe contrôle. En fonction des résultats, nous envisageons à créer un atelier thérapeutique basé sur la musique, adapté à chaque enfant, pour améliorer les capacités cognitives des enfants présentant une épilepsie. Des études antérieures chez des enfants avec des troubles des apprentissages ont en effet montré que l’entrainement musical peut améliorer certaines fonctions cognitives, notamment le contrôle de l’attention, la mémoire de travail et la flexibilité cognitive. Des ateliers musicaux actifs, incluant des jeux rythmiques corporels, des activités avec des instruments et des exercices vocaux pourraient être proposés pour la remédiation des enfants avec épilepsie présentant des troubles cognitifs.

Ce projet est une collaboration entre le Service d’Epileptologie Pédiatrique des HCL et le Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CRNL). A terme, ce projet vise à améliorer la qualité de vie des enfants atteints d’EPCT, en explorant de nouvelles interventions thérapeutiques adjuvantes non-médicamenteuses avec un impact positif attendu sur leur scolarité et leur développement global.

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