Étude en 18F-DPA714 TEP pour mieux localiser en préopératoire le foyer épileptique à réséquer dans l’épilepsie partielle pharmacorésistante
Viviane Bouilleret, Unité de neurophysiologie clinique et d'épileptologie (UNCE), hôpitaux universitaires, Paris Sud (APHP), CHU Bicêtre
1. En quoi consiste le projet pour lequel vous avez obtenu le financement de la FFRE ?
600 000 patients sont atteints d’épilepsie en France. Malgré la mise sur le marché de nouvelles molécules antiépileptiques, l’épilepsie est « résistante » au traitement pharmacologique dans près d’un tiers des cas. Le traitement neurochirurgical des épilepsies partielles pharmacorésistantes est très efficace, permettant l’arrêt des crises dans plus de 60 % des cas et le retour à une vie normale des enfants et des adultes. Les examens dits de surface (vidéo-EEG, IRM, TEP au FDG) sont indispensables, mais parfois pas suffisants, pour poser l’indication d’une intervention neurochirurgicale. Pour identifier la localisation du foyer épileptique, il faut alors réaliser un enregistrement EEG invasif (stéréo-EEG = SEEG) qui repose sur l’implantation intracérébrale d’électrodes.
Les électrodes sont implantées par un neurochirurgien dans les zones du cortex cérébral identifiées comme à l’origine des crises épileptiques lors des vidéo-EEG de longue durée. Cependant, la SEEG a des limites. C’est un examen invasif qui fait face à des limitations en termes de nombre d’électrodes pouvant être implantées, et il ne permet d’étudier que la zone suspectée. Le schéma d’implantation basé sur les explorations du bilan préchirurgical est donc crucial, car du fait des limites évoquées ci-dessus, il peut exclure la vraie zone du départ des crises. Cela conduit alors à une impasse thérapeutique ou à un échec de la chirurgie.
Le projet pour lequel nous avons obtenu un financement de la FFRE tend à étudier en imagerie le foyer responsable des crises chez les patients présentant une épilepsie partielle pharmaco-résistante candidats à la chirurgie et qui nécessitent une SEEG.
Nous allons étudier s’il est possible de mieux définir en imagerie TEP (tomographie d’émission de positons), donc de manière non invasive et plus précise qu’avec le traceur habituel, le foyer responsable des crises. Pour cela nous utiliserons un nouveau traceur, le 18F-DPA714, qui comme pour les autres examens de ce type étudie de manière globale le cerveau, mais cette fois-ci, via une protéine de la mitochondrie, la TSPO, qui est impliquée dans l’inflammation et augmente en cas « d’agression » du système nerveux, quelle qu’en soit sa cause, dont l’épilepsie. C’est un biomarqueur utilisé dans d’autres pathologies comme la maladie d’Alzheimer ou la sclérose en plaques, mais très peu d’études existent dans l’épilepsie.
Pour valider cette nouvelle technique, nous comparerons les résultats apportés par la SEEG réalisée sans l’aide de cette imagerie par rapport à ceux tenant compte des données apportées par cette nouvelle procédure.
2. Quels sont les résultats attendus ?
Par cette étude, nous espérons pouvoir définir le foyer d’où partent les crises dans des situations ou jusque-là les examens habituels non invasifs ne le permettaient pas. Une meilleure définition ou au moins localisation du foyer responsable des crises contribuera à aider l’implantation des électrodes intracérébrales de la SEEG. Ainsi, la délimitation du foyer à réséquer sera plus facile, ce qui aura pour effet d’améliorer le pronostic postopératoire des patients.
Idéalement, si ce traceur s’avère suffisamment précis dans la localisation du foyer responsable des crises, peut-être permettra-t-il de s’affranchir de la SEEG dans certaines situations.
3. En quoi peuvent-ils améliorer la vie des patients et dans quels délais ?
Par cette étude, nous espérons participer aux bénéfices apportés par la chirurgie de l’épilepsie aux patients en améliorant le pronostic postopératoire. En effet, la résection chirurgicale du foyer responsable des crises est la seule stratégie permettant de guérir certains patients atteints d’épilepsie partielle pharmacorésistante, mais ce foyer n’est pas toujours facile à identifier par les examens non invasifs actuels. Si la nouvelle procédure étudiée dans ce travail s’avère permettre une meilleure délimitation ou du moins localisation du foyer épileptogène, la prise en charge chirurgicale pourra être meilleure et plus efficace.
4. Quelles sont les suites de ce travail et les perspectives possibles ?
Cette étude est préliminaire. Si les résultats sont positifs, les indications de cette modalité d’imagerie pourront être étendues aux patients qui ne relèvent pas uniquement de la SEEG. Sur un tout autre versant, des études fondamentales sont en cours concernant le rôle de la TSPO, cette protéine qui sert de traceur dans notre étude. Elle participe au processus inflammatoire présent dans les maladies du système nerveux, dont l’épilepsie. Ainsi, cette modalité d’imagerie pourrait avoir de toutes autres applications que juste représenter un outil de localisation. Ces examens pourraient, par exemple, être utilisés dans le suivi de traitements neuroprotecteurs, éventuellement apporter des éléments pronostics et participer à une meilleure compréhension des mécanismes de l’épilepsie en relation avec les processus inflammatoires.